– merci à Mona Filleul qui m’avait invité à lire ce texte et à montrer une guillotine à Krone Couronne à Bienne pendant son show PARTYMIX l’année dernière avec les puces Thilda Bourqui, Gaia Vincensini, Xaxalxe, Nuria Mokhtar et Tony Colombe. K –
On est dans le jardin, des trucs sèchent sur les fils pour le linge. Et ils tombent parce que les gens dansent et courent en dansant et c’est un bazar de corps pas possible, tout le monde est déchiré, avec les arbres super bien établis, ces mêmes arbres qui étaient là avant nous et qui vont nous survivre, le tableau est magnifique, c’est à se demander ce que branle Van Gogh à ne pas peindre la scène lol il est mort, comme plein de gens, mais pour lui ça empêche pas les hommages H24 et les édifices dans la région et ailleurs. J’ai des pensées saillantes qui flottent autour de moi, gratitude hardcore, affection hardcore. Filtre vacance poreux en tout lieu, VSCO cam version trans, ciel bleu qui devient azur, le remix qui passe qui devient bande sonore officielle de cette déglingue béate, la maison qui soutient la relâche. Il y a aussi un ponton, et il permet un accès direct à l’eau où l’on se retrouve et où l’on a dix ans à nouveau pendant que plus loin d’autres se sucent tranquilles sur des barques. Envie de rajouter des superlatifs partout avec chaque nom, histoire de rendre justice au moment, mais tout en ayant la certitude qu’aucune exagération n’est possible. L’impression d’être amoureux de mes potes parce qu’on se demande si ça va sans que ça soit chiant dans le genre pesant tout en cuisinant pour quinze, et même les gens qu’on connait pas qui arrivent après tout le monde ne cassent pas les couilles avec les pronoms, on en oublie les pins violets mdr, et même les gens dans le supermarché nous sourient au rayon des chips, on doit radier un truc cool et on a aussi surement de la chance. Tout est parfait en réel, la dévotion est ambiante.
Si des droitard.e.s étaient là iels voudraient se passer les yeux au lave-vaisselle, et pas en mode eco+, en mode grosse crasse, avec de ces liquides jaune fluo bio hazard, et se rentrer dans les oreilles des goupillons en métal trempés dans de l’acide chlorhydrique. C’est une pensée rassurante. Nous on a juste les muqueuses en fleur, le ventilo dans les oreilles. Plus de guilt de fleurs de lys mal léché.e.s, des drapeaux français sur autre chose que des pubs et packagings de chaussettes produites en Normandie vendue vingt balles au magasin bio, et pour autre chose que des événements commémorant le fascime devenu ambiant pré-naissance de tous.tes les vivant.e.s en face de noux. Comme toujours on pense à on sait qui et c’est mieux si on dit pas son nom et des tags sur des petites départementales nous rappellent qu’il y a aussi plein de gens dans les campagnes françaises qui n’ont pas passé l’arme à droite.
Bien envie de me taper ta mère mais aussi ton père. Juste pour rire et/ou pour le pire. Je les vois sur Tinder, au bar de l’hôtel, mains manucurées. Iels écoutent une fois l’orgasme passé. Manif pour tous.tes version au pieu, mon portrait sur les draps puis en fond d’écran de leurs téléphones. Pas de plan à trois, juste une percée héroïque en one on one. Ça me chauffe environ autant que de me masturber avec de la crème à plus de 0,5% de cortisone.
Manif pour tous.tes version caleçon parachute et à poil pour celleux qui veulent, les mots veulent enfin dire ce qu’ils veulent dire, on a arrêté le jargon CNewsien, la chute est longue longue longue, on a toujours pas atterri, à croire on a plus le droit de se rappeler de cet héritage franco-français et un peu suisse quand même, le droit d’importuner même vos grand-mères, vos acteur.ices pref sont innommables, un papa une maman, les homosexuel.le.s plus loin, surtout pas trop d’autonomie pour les personnes trans. On. A. Oublié. Pas pendant longtemps. Mais quel plaisir. Des bas dans la bouche des cadres genevois, Me Too en tattoo dans le bas du dos.
Envie de rire en pleurant, c’est la chute des hormones mais aussi la prolifération des hormones, toujours pas bien compris. Quoi qu’il en soit nos dénombrements ne sont jamais bons, les endocrinologues rarement pros, les chirurgien.ne.s s’en carrent fort, ne prennent pas le temps, l'hôpital devient une bétaillère qui fait du sur place et se soucie de toi si t’es bien sûr.e de rester une nuit et de pouvoir raquer. Les assurances et leurs représentant.e.s adorent ne pas aider, agressivité passive de cis qui ont l’ambition de tourmenter. Profond dans les yeux, larmes de colère et abnégation pas choisie. D’habitude j’aime bien finir sur une note positive sinon je me dis que mon texte va mettre mal les gens mais là j’ai commencé positif alors ya ratio et j’ai jamais (ou je me souviens pas) fini en mode drama donc bon faut expérimenter quand même hein. Merci.